Projet et création de Bel Horizon

Le projet Bel Horizon est dû à l’instigation de Jean-Paul Mahoro, arrivé en notre pays fin 2003 et traversant l’itinéraire ordinaire d’un requérant d’asile. Son constat est flagrant (cf. témoignage et analyse): un ostracisme général pèse sur ces nouveaux arrivants qui se retrouvent dans les villes, seuls et sans appuis, confrontés bien souvent à un évitement et une marginalisation culturelle et sociale, sentiment d’être inexistants au mouvement qui les entoure, opprimés, désespérés, «détresse d’autant plus insupportable que, ironie du sort, nous venons d’échapper de chez nous à une autre sorte d’oppression, sinon à la mort !».

Informaticien de métier, il imagine créer un lieu «d’information, de rencontre, d’échange, de distraction et d’occupation», câblé sur le net, mais pas seulement, afin «de faire renaître, chez le plus de requérants d’asile possible, un sentiment d’humanité, d’appartenance, d’identité et de confiance en soi».

Il vise avant tout les requérants d’asile nouvellement débarqués en ville de La Chaux-de-Fonds, afin de leur offrir «une sorte de havre de paix où ils peuvent se détendre» et trouver une oreille à l’écoute des besoins les plus élémentaires du requérant sortant d’un premier accueil et arrivant en ville à savoir: «des besoins d’information, des besoins socio affectifs, des besoins socio intellectuels, des besoins de s’exprimer et des besoins propres à des groupes particuliers de personnes» .

Avec courage, ténacité et son projet en poche, il a démarché de porte en porte toutes les personnes, associations et services publics susceptibles de collaborer à la création de son projet énoncé dans un document finalisé en août 2004.

Une première rencontre générale rassemblant tous les intéressés eut lieu le 7 juin et une seconde le 1er septembre. A cette occasion, un groupe de travail se constitua pour analyser les besoins, concevoir un projet réaliste et créer une association interculturelle sans but lucratif sous le nom de « Bel-Horizon mieux vivre ensemble».

Cette association tint son Assemblée constitutive le 8 décembre 2004, et un comité fut élu et chargé de mettre en place le projet.

Depuis le premier mars 2005, l’association loue un local rue de la Ronde 1, à La Chaux-de-Fonds, qu’elle aménage en cyber espace + pour l’ouvrir en avril et l’inaugurer le 21 mai 2005.

 

Inauguration de Bel Horizon du 21 mai 2005

Amis de Bel Horizon,

Cybernautes potentiels,

Vous d’ici, vous d’ailleurs, de beaucoup plus loin dans le monde,

Mesdames, Messieurs,

L’honneur m’est donnée d’ouvrir cette partie officielle de l’inauguration du cyber espace Bel Horizon, de souhaiter la bienvenue à toutes les personnes présentes, et de rappeler en quelques mots l’historique et les raisons de ce tout nouveau projet chaux-de-fonnier.

C’était il y a une année à peu près que je vis débarquer à la Joliette où je travaille, un homme souriant et paisible, requérant de fraîche date, avec des projets plein la tête afin me dit-il, «  de faire quelque chose pour les requérants d’asile qui sortent du fin fond du Val-de-Travers en premier accueil et qui se retrouvent, comme lui, parachuté dans une ville inconnue, comme sur la planète Mars, et c’est peu dire… ». C’était Jean-Paul Mahoro. Il était en tournée générale, passant d’une adresse à une autre, un peu au hasard de ces rencontres successives, habité d’une profonde confiance et doué d’une faculté particulière, celle de rassembler des gens de tout horizon, autour de son idée : faire se rencontrer migrants et suisses autour d’activités variées.

Une année après, l’idée a fait son chemin. Un groupe de travail s’est créé et a travaillé tout l’automne dernier. En décembre, une Association s’est créée qui, rapidement, par son Comité, a osé le risque d’une location du local que nous inaugurons aujourd’hui et qui, grâce à une équipe de bénévole motivé, s’est aménagé en cyber-espace d’accueil.

Voilà où nous en sommes. Et c’est maintenant que le réel du projet commence : « mieux vivre ensemble… ».

C’est loin d’être simple. C’est déjà très compliqué à deux, dans un couple, entre amis, dans la famille, dans un groupe, une association, une entreprise. Quand s’y rajoute des problèmes de langues, d’interprétations de mots et de concepts, des différences profonde d’usages, de vision des choses, d’évidences, de croyances, les difficultés s’additionnent. C’est cela l’enjeu du projet. Non pas une intégration graduelle à un modèle donné, processus de longue durée nécessitant souvent un passage de génération, mais une rencontre effective entre humain venant de différents horizons, permettant une reconnaissance mutuelle et un enrichissement relationnel profitable à chacun.

Cet objectif est ambitieux et ne nous sera pas épargné les difficultés, les remises en question, les révisions de nos clichés, de l’idée que nous avons de nous même et des autres, l’adaptation de nos présupposés, en lumière et en ombre, à l’aune de la réalité.

Mais c’est en cela que réside notre grand espoir : celui d’y arriver. Celui de pouvoir réaliser ensemble un projet au service de la société et plus particulièrement ceux pour qui le moyen révolutionnaire de communication qu’est le réseau internet reste inaccessible pour des questions financières, les migrants, les sans emplois, les jeunes, les personnes âgées. Bienvenue à eux. Nous espérons que cet environnement que l’on veut coloré et chaleureux leur convienne, qu’ils y reviennent et en parlent à leurs connaissances et à leurs amis.

Pour terminer, je souhaite remercier tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la mise sur pied du projet, particulièrement les permanents qui se sont régulièrement rencontrés et qui ont œuvré à l’aménagement du local, Christine Wyss, notre superviseuse et formatrice, le comité de l’Association, ceux qui sont venu donné un coup de main aux travaux, la Joliette pour les services rendus, M. Facchinetti , Délégué aux étrangers qui nous accompagne et nous conseille, le Centre Prévention et Santé sans qui nous n’aurions jamais osé commencé, les donateurs du club des 20 qui nous permettent de vivre cette première année avant de pouvoir consolider notre assise financière et tous ceux qui, privés, associations, services publiques et privés qui ont ou qui vont, par leur encouragement et leur soutien, permettre qu’existe cette aventure.

Que vive Bel Horizon

Christian Beuret, président